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Chers amis, chers camarades,
Quel plaisir de nous retrouver ensemble, de nous retrouver ce matin dans cette belle halle, visages connus, visages nouveaux, anciens militants, compagnons de toujours, nouveaux militants, compagnons d’une période plus récente, mais tous unis par le même idéal et la même volonté.
Il s’agit, dans quelques mois, de faire en sorte que le prochain président de la République soit un socialiste, pour la France.
Chers amis, chers camarades, j’ai prévu de dire quelques mots avant de prononcer, paraît-il, ce qui doit être la formule sacramentelle. Je remercie Philippe Martin de nous avoir accueillis avec sa gentillesse et son humour habituel. Je le félicite à la fois de la façon dont il mène le département du Gers et dont il fait en sorte que Auch soit en tête de la deuxième division de rugby. Je remercie Martin Malvy à la fois de ce qu’il a dit avec beaucoup d’élévation de pensée et de conviction, et aussi je le remercie de sa discrétion, car enfin, bien qu’étant ancien ministre de François Mitterrand, bien qu’étant président de région, il ne s’est pas porté candidat à la Présidence de la République ! Je l’en remercie !
Il y a quelques instants, je me retrouvais dans une assemblée de chercheurs, qui se réunit à Fleurance, qui écoute, qui auditionne comme on dit les principaux responsables politiques et qui leur demande quelles sont leurs idées, leur projet, pour la recherche française. J’ai tenu à faire ce déplacement, et à lier à la fois mes engagements sur la recherche et ce que je vais vous dire maintenant. J’estime que la tâche d’un responsable politique n’est pas seulement de penser à l’immédiat, mais de penser au futur, à nos enfants, à nos petits-enfants, à ce que sera la France, dans cinq ans, dans dix ans, dans vingt ans. Nous savons que la vraie ressource d’un pays comme la France, c’est la matière grise, c’est l’intelligence, et nous savons qu’il faudra redonner la première place à la recherche, qui est la clef du futur dans toutes les nations et en particulier la nôtre. J
Cela fait longtemps, oui assez longtemps, que je suis un responsable politique et je l’assume, parce que lorsqu’on veut accéder aux plus hautes fonctions ce n’est pas un beau jour qu’on se réveille en disant : « Tiens, qu’est-ce que je pourrais faire aujourd’hui, pourquoi ne pas me déclarer à la fonction suprême ? ». Non, ce n’est pas ainsi que les choses se font, c’est une sédimentation successive, année après année, on apprend, on voit, on écoute, on réussit et on échoue, on est attaqué, parfois on réplique, et toujours, en tout cas selon la conception que j’en ai, on tire les leçons de l’expérience : oui, j’ai été aux côtés de François Mitterrand, et j’en suis fier, oui, j’ai présidé l’Assemblée nationale, et cela m’a donné une connaissance intime des rouages du Parlement, oui j’ai exercé différentes fonctions ministérielles, en particulier aux côtés de Lionel Jospin et je veux aujourd’hui lui rendre hommage et témoignage. Oui, j’ai dirigé il y a plusieurs années le gouvernement de notre pays, et j’ai appris dans les succès comme dans les épreuves, et il y en a eu, qu’il faut une vision, Martin, l’a dit, qu’il faut du courage, et qu’il faut surtout croire, car la conviction, quels que soient les linéaments de la vie, c’est essentiel, et ma conviction elle n’a pas changé, cela fait plus de 30 ans que je suis membre, et fier d’être membre, du Parti Socialiste.
Il paraît que d’après les sondages je ne suis pas le favori. Cela peut changer. J’ai connu une période où un grand hebdomadaire titrait : « Fabius : vol au dessus d’un nid de sondages ». Mais pour moi les sondages sont par rapport à la réalité profonde de l’opinion ce qu’est l’écume de la vague par rapport à la profondeur de l’océan. Ce qui m’intéresse ce n’est pas la vague qui écume c’est l’océan profond. Et l’océan nous dit : 2002, oui et l’échec que nous ne voulons plus jamais revoir : au 2ème tour le candidat socialiste absent et l’extrême droite montrant son vrai visage. Nous ne devons plus revoir cela ! 2003 et les mobilisations nombreuses face au projet funeste de remise en cause de la retraite. 2004 et les succès magnifiques aux élections cantonales, aux élections régionales qui – sans diminuer le mérite de nos candidats – signifiaient d’abord de la part du peuple : nous ne voulons pas de la vision et de la pratique libérales du gouvernement, nous voulons autre chose et c’est pour cela que nous faisons confiance aux socialistes. 2005 et cette période difficile - y compris difficile pour nous les socialistes - du referendum européen où j’ai dit ce que je pensais, où j’ai assumé mes convictions à l’époque où les sondages disaient le OUI est à 70 %. J’ai dit alors parce que simplement je ne veux pas dissimuler ma conviction : autant je suis un européen convaincu, ardent, autant je veux relancer la construction européenne, autant cela ne peut pas être une Europe qui tourne le dos à la réalité sociale, environnementale et au peuple ! Et 2006, enfin, avec ce mouvement puissant parti des jeunes puis étendu à toute la société, de la lutte contre le fameux CPE où il s’agissait une fois encore de la part du peuple de dire non à la dérive hyper libérale, non à la société précaire, non à la société brutale. Les jeunes veulent de l’avenir, les jeunes doivent pouvoir étudier, les jeunes veulent des contrats décents, une perspective de vie et c’est dans ce mouvement que nous nous sommes inscrits moi parmi vous, vous avec moi et c’est cela qui est le fond de l’océan : 2002, 2003, 2004, 2005, 2006 : le refus d’une société dominée exclusivement par l’argent. C’est cela que je porte, c’est cela que j’exprime et c’est cela à nouveau qui sera en cause en 2007.
Amis et camarades, j’aime la France. Je la France. De
Je ne suis pas de ceux qui croient à la disparition des ouvriers et des employés même s’ils sont moins nombreux, je crois que nous avons besoin d’une industrie puissante en France, que bien sûr le domaine des services s’étend, mais qu’il n’y a pas de France prospère avec une croissance suffisante pour assurer l’emploi s’il n’y a pas une industrie puissante respectueuse de l’environnement et d’abord dans cette région et je pense en particulier à l’aéronautique. Les ingénieurs, les cadres, les chercheurs, les techniciens, les créateurs d’entreprises : nous ne sommes pas, nous socialistes, comme parfois on le dit, les ennemis des entreprises. Au contraire, nous avons besoin des entreprises. Nous savons parfaitement que pour qu’il y ait création de richesses, il faut que les entreprises soient dynamiques. Mais cela ne signifie pas que nous oublions la répartition juste des fruits de la croissance. Nous la croissance. Et
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La tâche de la Politique, des principaux responsables politiques et du Président de la République, c’est de tracer dans ce monde si dur, si complexe, si nouveau qui est le nôtre, des perspectives pour que oui, ces jeunes aient une chance. Et de faire en sorte non seulement que les jeunes aient une chance, mais que la France qui est un grand pays en ait une. Je n’accepte pas cette thèse du déclin, qui sent l’extrême droite, qui sent je ne sais quel découragement - après tout est ce que c’était si évident au sortir de la guerre de reconstruire le pays comme l’ont fait nos pères ? - C’est un peu de la même chose qu’il s’agit aujourd’hui. Mais dans un monde qui a changé, qui est menaçant, qu’il faut anticiper, la Chine, un milliard deux cent millions d’habitants, l’Inde, un milliard trois cent millions d’habitants, les Etats-Unis et leur super puissance, il faut l’Europe. Et la France, même si elle n’est pas la plus grande nation du monde, peut, dès lors qu’elle est bien gouvernée, bien dirigée, bien administrée, bien dynamisée, retrouver un rang qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Il faut comprendre aussi que les problèmes qui n’avaient pas encore la même acuité hier qu’aujourd’hui sont devant nous et sont centraux. Je sais l’action, en particulier, que mène le département du Gers, pour préserver l’environnement. Ce n’est pas une foucade, ce n’est pas une mode, c’est parce que dans ce siècle qui commence, pour la première fois, l’Homme, qui est moins sage que la vitesse du progrès ne devrait le conduire à l’être, l’Homme est en situation de détruire l’Humanité, de détruire la planète. Il
La Démocratie. Lorsque
Et puis, bien sûr, il y aura des décisions immédiates à prendre. J’ai été l’un de ceux qui ont contribué au projet socialiste que je soutiens et que je défendrai dans les temps qui viennent. Parce que c’est un projet qui est précis, concret, qui donne des axes et qui lie ce qui est essentiel : les décisions immédiates et la vision dont on nous parlait tout à l’heure. Si il y a seulement une vision mais qu’elle n’est accrochée sur rien de précis, on dit, excusez l’expression, « c’est du baratin ». S’il y a seulement les mesures précises sans vision, alors on voit l’immédiateté mais on ne comprend pas la perspective et on risque de commettre des erreurs. Il faut les deux : la vision et les mesures. Et parmi ces mesures je suis celui, qui, dans les mois qui viennent, mettrai en avant les conditions de vie, tout simplement ce qui fait la détermination de la vie, c'est-à-dire le pouvoir d’achat. Je veux qu’il soit clair, qu’il y ait dans tous ces mois à venir un candidat du pouvoir d’achat, qui parle aux salariés les plus modestes, qui parle aux salariés moyens, qui parle aux pensionnés, aussi, modestes et moyens.
Avec des priorités précises - tout ne peut pas être prioritaire sinon rien ne l’est. L’emploi bien sûr, ce qui suppose des entreprises dynamiques. L’éducation, la formation, la recherche. Quand la Laïcité. Nous
Le logement. Parce que c’est la dignité de la vie. Et la santé. La
C’est tout simplement la République. Des
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Chers Amis, chers camarades,
J’ai décidé, si les militantes et les militants socialistes le veulent, d’être candidat à la Présidence de la République.
J’ai pris cette décision parce que la France a besoin de changement. Parce que le changement ne peut venir que de la gauche, de la gauche rassemblée autour d’un projet novateur.
Le projet socialiste que je porterai comprendra d’abord l’amélioration du pouvoir d’achat, en particulier par l’augmentation du Smic, des salaires et des retraites. J’engagerai un effort massif pour l’emploi - qui implique des entreprises dynamiques - ; un effort pour l’éducation, la formation et la recherche ; un effort pour le logement et la santé. Avec la laïcité. Enfin
Dans ce monde nouveau et rude, la tâche ne sera pas facile. Mais j’ai confiance. J’ai confiance parce que la France, ce pays magnifique et que j’aime, porte en elle des ressources puissantes. J’ai confiance parce que je me suis préparé pour cette tâche. J’ai confiance parce que je sais que la majorité des Français, en particulier les jeunes, ne veulent pas d’une société brutale et précaire que leur prépare Monsieur Sarkozy, mais qu’ils veulent comme nous une France forte, une France juste, une France sûre, une France solidaire : une France forte parce que solidaire.
Voilà pourquoi je suis candidat à la Présidence de la République : pour changer et pour gagner. Vive la République et Vive la France !
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